Électricité nucléaire : quelles sont les politiques de la Chine, de la Russie, du Japon et de la Corée du Sud ? [Dossier – 2/5]

Quelles sont les politiques en matière de nucléaire civil à travers le monde ? A la suite de la publication du rapport spécial du GIEC sur l’objectif de 1.5°C, les Shifters (association qui soutient The Shift Project) proposent une série d’articles faisant un état des lieux de la situation et des perspectives de la production d’électricité nucléaire, pays par pays et dans onze zones géographiques : une cartographie politique du nucléaire civil dans le monde. Le présent article propose un état des lieux des pays de l’Asie et de l’ex-URSS : Chine, Corée du Sud, Japon et Taiwan d’une part ; Russie et Arménie, Biélorussie, Ukraine et Kazakhstan d’autre part.


L’ex-URSS et l’Asie sont les régions les plus nucléarisées au monde : 164 réacteurs y sont actuellement en service ou opérables dont 38 en Russie, 47 en Chine, 24 en Corée du Sud, 37 au Japon (37 opérables, dont 9 en service) et 4 à Taiwan. Tous les pays de ces régions ont toutefois vu leur politique nucléaire remise en question à la suite de l’accident de Fukushima en 2011 au Japon. L’inquiétude des populations s’est traduite par exemple par une contestation locale pour la Chine, voire un amendement de la politique nucléaire pour le Japon. A Taiwan et en Corée du Sud la question de l’arrêt total du nucléaire s’est même posée dans le débat politique. Notons que pour plusieurs de ces pays, il est difficile d’obtenir des informations fiables sur l’opinion publique ou les potentiels débats politiques.

Cependant, jusqu’à aujourd’hui, aucun de ces pays n’a cessé de recourir au nucléaire pour sa production d’électricité. Le Japon, qui avait initialement renoncé à maintenir ses réacteurs en service est finalement revenu sur sa position ; les gouvernements coréens et taiwanais projettent de sortir du nucléaire sur le long terme, mais ont dû maintenir le recours à cette énergie sous la pression d’une partie de la société civile. Quant aux républiques d’Asie Centrale, dites « satellites » de l’ex-URSS, elles n’ont pas toutes recours à cette énergie. Toutefois, les pays qui ne l’utilisent pas expriment clairement leur souhait d’y recourir et les pays exploitant déjà des réacteurs visent à augmenter la part de cette énergie dans leur mix électrique.

La Russie et la Chine ont une politique très offensive du développement du nucléaire

En 1954, la Russie a été la première au monde à produire de l’électricité nucléaire. Le pays a connu un fort développement du nucléaire jusqu’en 1985, où pas moins de 20 réacteurs étaient déjà en service sur son sol. Ce développement a marqué le pas suite à l’accident Tchernobyl en 1986 et à la chute de l’empire soviétique, pour reprendre vers la fin des années 1990. Le pays exploite actuellement 38 réacteurs pour une puissance de 30 GW, soit environ 20% de son mix électrique, ce qui en fait le 4e producteur mondial. La stratégie russe est d’augmenter significativement la part du nucléaire dans le mix pour atteindre 25% à 30% en 2030 ; 45% à 50% en 2050 et 70% à 80% en 2100[i].

La Russie vise également à mettre en place la filière à neutrons rapides[1] qui lui permettrait de « fermer » le cycle pour l’instant « ouvert » de l’uranium en recyclant le plutonium et une partie des déchets dans les réacteurs de production d’électricité. Conformément à son « Federal Target Program » (FTP) de 2010, le pays mise aussi sur l’exportation de son savoir-faire en développant toute une filière nucléaire à l’étranger, qui va de la production d’uranium à la construction et à l’exploitation de centrales.

Ni la classe politique ni la population russe ne semblent particulièrement s’opposer à cette stratégie de développement nucléaire. D’une part, aucune contestation ostensible de cette stratégie n’émane de la classe politique russe. D’autre part, 74% des personnes interrogées dans le cadre d’une étude réalisée en 2018 pour Rosatom soutiendraient le développement de l´énergie nucléaire. 50% d’entre elles considèreraient le nucléaire comme une source d´énergie favorable à l’environnement, et en particulier un bon moyen de lutte contre le dérèglement climatique[ii].

La Chine a une politique similaire à celle de la Russie, à la différence près que le nucléaire chinois est relativement plus récent. La Chine a initié son programme nucléaire dans les années 1970 ; la première mise en service, de deux réacteurs de conception française (EDF et Framatome), a eu lieu en 1993. La Chine exploite aujourd’hui 47 réacteurs, dont les deux premiers EPR français (EDF et Framatome toujours), entrés en service en 2018 et 2019. Au total, 70% de ces réacteurs ont été construits dans la dernière décennie.

Alors que le mix électrique chinois actuel est fossile à 70%, le pays tend vers une nucléarisation de ce mix. La Chine a pour objectif, d’une part, de limiter la pollution locale liée aux centrales à charbon, et d’autre part, de réduire ses émissions de CO2 de 60 à 65% en 2030 par rapport au niveau de 2005 notamment grâce à l’énergie nucléaire. A terme, selon le plan « Energy Development Strategy Action Plan 2014-2020[iii] », la Chine souhaite construire un parc d’une capacité installée de 150GW à 200GW à l’horizon 2030, soit la moitié du parc mondial actuel. Tout comme la Russie, la Chine souhaite à terme « fermer » le cycle du combustible et construire des réacteurs à neutrons rapides. Le pays mène également une politique nucléaire à l’export, avec la construction en cours de deux réacteurs Hualong au Pakistan et des projets en Argentine et au Royaume-Uni. Sur les « nouvelles routes de la soie », des projets nucléaires potentiels sont en discussion dans plus d’une dizaine de pays[iv].

Bien que la classe politique chinoise revendique une position clairement pro-nucléaire, les projets de centrales nucléaires intérieures se heurtent à des oppositions de certaines populations et chercheurs. Par exemple, les autorités locales et la population concernées par la construction d’une centrale nucléaire au bord du fleuve de Yangzi ont protesté contre le projet en 2012, peu après la catastrophe de Fukushima.

L’Arménie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan souhaitent construire ou développer davantage leur production d’électricité nucléaire

L’Arménie, l’Ukraine, la Biélorusse et le Kazakhstan sont pro-nucléaires de manière affirmée. L’Arménie possède un réacteur à la centrale de Metsamor, considéré par l’Union européenne comme étant le moins sûr parmi tous les réacteurs de l’ex-URSS et de l’Europe de l’est. Le gouvernement a cependant décidé de prolonger son autorisation de fonctionnement jusqu’en 2026 au lieu de 2020, prévu initialement. Une nouvelle construction est également en projet, en partenariat avec la Russie. Il n’y a pas d’opposition particulière à l’énergie nucléaire dans la classe politique arménienne.

Le nucléaire compte pour 50% du mix électrique de l’Ukraine. Avec 6 réacteurs, le pays possède également la plus grande centrale nucléaire d’Europe située à Zaporizhia. Le gouvernement ukrainien souhaite construire 11 réacteurs supplémentaires pour 2035 afin de maintenir la part du nucléaire à 50% dans son mix électrique.
Le choix de technologie de ces réacteurs n’est pas encore décidé, mais le pays envisage sérieusement une autre technologie que celle des réacteurs de conception russe. Depuis le conflit avec la Russie, l’Ukraine a commencé à changer de politique d’approvisionnement de combustible en alimentant certains de ses réacteurs avec du combustible fourni par la société américaine Westinghouse. Le gouvernement actuel ne souhaite pas se passer de l’énergie nucléaire, en partie pour des raisons géopolitiques. Le conflit opposant la Russie et l’Ukraine a en effet montré ces dernières années la dépendance de l’Ukraine vis-à-vis du gaz russe. Environ 50% de la population ukrainienne soutient le recours à l’énergie nucléaire[v].

La Biélorussie a lancé en 2011 la construction de 2 réacteurs de technologie russe pour une puissance totale de 2,4GW. Le premier des deux réacteurs a été connecté pour la première fois au réseau en novembre 2020. La mise en service de cette centrale devrait permettre de générer une production d’origine nucléaire de 30% du mix électrique[vi]. Malgré les accidents de Tchernobyl, près de la frontière biélorusse, et de Fukushima en 2011, le soutien à l’énergie nucléaire dans l’opinion est passé de 28,3% en 2005 à 53,5% en 2012[vii], possiblement suite à une communication gouvernementale efficace.

Bien qu’étant le premier producteur d’uranium au monde et possédant 12% des réserves mondiales, le Kazakhstan ne possède aucun réacteur nucléaire en opération. Jusqu’à sa mise hors service en 1999, le pays a eu un réacteur dédié à la désalinisation d’eau. En 2014 le président Nazarbaiev déclarait : « Le besoin pour l’énergie nucléaire ne peut que croître dans le futur ». Le gouvernement actuel souhaite de nouveau avoir recours au nucléaire civil avec un projet de construction de 2 réacteurs de technologie russe de 300MW chacun pour 2025[viii]. La majorité actuelle est ainsi pro nucléaire ; en revanche, un sondage mené en 2014 auprès des citoyens kazakh a montré que 58% d’entre eux étaient opposés au recours à l’énergie nucléaire[ix].

Le Japon, la Corée et Taiwan reviennent sur leur volonté de sortir du nucléaire

Bien qu’étant le seul pays ayant été victime de l’usage de l’arme atomique hors tests avec plus de 100 000 morts en 1945, le Japon a initié dès 1954 un programme nucléaire civil. Ce programme a débouché sur un premier réacteur en opération dans les années 70. Tout comme en France, l’utilisation de cette énergie s’est élargie à partir de 1973, date à laquelle le pays avait déjà 5 réacteurs en opération. Jusqu’à l’accident de Fukushima, le Japon avait 54 réacteurs en service, comptant pour 30% du mix électrique. La catastrophe a amplement renforcé le mouvement anti-nucléaire, très médiatisé, notamment lors de la marche anti-nucléaire de juillet 2012, qui a réuni des dizaines de milliers de personnes à Tokyo.

Après l’accident, le gouvernement a évoqué l’hypothèse « zéro nucléaire » et réduit drastiquement la part de l’atome en maintenant seulement 9 réacteurs en opération, le nucléaire ne comptant plus que pour 1,7% du mix électrique. Le pays est alors devenu très dépendant, se voyant contraint d’importer 90% de ses ressources énergétiques. Un sondage publié début janvier 2013 a révélé que seuls 18 % des maires des communes japonaises qui abritent des réacteurs nucléaires étaient opposés à leur redémarrage – chiffre à mettre en regard avec le fait que les communes abritant des réacteurs nucléaires et leurs habitants sont généralement plus favorables à leur maintien que d’autres, étant accoutumées à la proximité des centrales et bénéficiant de retombées économiques (emplois, fiscalité etc.). En 2015, un sondage a relativisé la portée du mouvement anti-nucléaire indiquant que 67% de personnes interrogées étaient favorables à l’utilisation de cette énergie à condition que les coûts soient identiques ou inférieurs à leur facture précédente[x] (notons que la règlementation ayant été durcie, cette énergie est justement devenue plus couteuse).

Le ministère de l’industrie a finalement annoncé en 2018 que les centrales nucléaires devraient produire au moins 20% de l’électricité du pays à l’horizon 2030x. Parmi les 37 réacteurs opérables, 9 sont en service et 17 sont sur le point de l’être après avoir été arrêtés suite à l’accident de Fukushima. Deux réacteurs de 1,3GW sont également en construction et 8 autres sont en cours de planification, pour une puissance d’environ 13GW. Les « stress tests » permettant d’évaluer la sûreté des réacteurs en cas d’événement extérieur ont été revus et renforcés après l’accident de Fukushima. Par ailleurs, le Japon est présent sur le cycle complet de l’uranium : le pays a construit l’usine de retraitement de Rokkasho-Mura, similaire à celle de La Hague, qui devrait entrer en opération en 2021[xi]. Le pays envisage ensuite de construire des réacteurs à neutrons rapides. Le Japon était partenaire du projet français de réacteur à neutrons rapides ASTRID. Ce projet ayant été abandonné en 2019 par la France, le Japon pourrait se tourner vers le développement d’un réacteur de génération 4 sur son territoire.

Suite à l’arrivée au pouvoir du président Moon Jae In en 2017[xii], la Corée du Sud est passée d’une politique de développement à une politique de sortie du nucléaire. Sous la présidence précédente de Park Geun Hye (Grand Parti National, conservateur), le ministère du commerce, de l’énergie et de l’industrie avait émis en 2015 son 7e « Plan sur la fourniture et la demande d’électricité à long terme » dans lequel la Corée envisageait de développer le nucléaire et de baisser les émissions de gaz à effet de serre. Le pays comptait ainsi capitaliser sur une des plus importantes industries nucléaires du monde, avec 24 réacteurs en opération. Parc qui se développe depuis la mise en service en 1978 du premier réacteur commercial de conception américaine (Westinghouse).

Le président Moon (Parti Démocrate, centre gauche) souhaite au contraire mener une politique de sortie du nucléaire en 40 ans. Par ailleurs, plusieurs affaires de corruption ont été mises à jour en 2014 et 2015 ; des opérations de maintenance des centrales avaient été réalisées sans respecter le niveau de qualité requis dans le nucléaire, ceci associé au versement de pots-de-vin. Ces affaires ont fait scandale dans l’opinion publique ; des peines de prison ont été prononcées à l’encontre de responsables des pouvoirs publics et de l’électricien coréen ; une autorité de sûreté nucléaire indépendante a été créée dans l’urgence. C’est dans ce contexte que le chantier de construction des deux réacteurs Shin Kori 5 et 6 ont été suspendus à l’été 2016, durant la période d’un débat public organisé sur le nucléaire. Le comité gouvernemental a finalement voté à près de 60% la poursuite des travaux. La pression de la société civile en faveur de l’atome est forte en Corée, après une période très réservée à la suite des scandales de corruption. Aujourd’hui, l’opinion est revenue à plus de pragmatisme, une majorité des Sud-Coréens soutenant les projets de construction de réacteurs de production d’électricité nucléaire[xiii].

Un scénario similaire se déroule à Taiwan. L’ile exploite 4 réacteurs, pour une puissance totale de 3719MW, soit 15% de sa consommation électrique. En 2016, la Présidente élue Tsai Ing Wen (Parti Democrate Progressiste) a affiché l’objectif de sortir du nucléaire d’ici à 2025[xiv] et a été à l’origine de l’arrêt de 2 réacteurs. C’est alors qu’en août 2017, est intervenu un incident sur une centrale à gaz, qui a causé un important black-out, privant tout le pays d’électricité pendant plusieurs heures[xv]. Cet événement a marqué les esprits à Taiwan et a soulevé la question du maintien du nucléaire comme source d’énergie fiable. En novembre 2018, un référendum sur cette question a montré que 59% des Taiwanais étaient opposés à la sortie du nucléaire. À la suite de quoi, le gouvernement a amendé sa position et annulé l’échéance de 2025. Néanmoins, la sortie du nucléaire reste, à long terme, l’objectif du gouvernement.

Synthèse : en Ex-URSS comme en Asie, une histoire nucléaire ancrée dans le passé et tournée vers l’avenir

Que leur tradition nucléaire soit ancienne, comme en Russie ou au Japon, ou plus récente à l’instar de la Chine, les pays de l’ex-URSS et de l’Asie, sont, avec l’Europe et l’Amérique du nord, les plus nucléarisés au monde. Dans cette zone géographique regroupant la Russie, des républiques de l’ex-URSS (Arménie, Ukraine, Biélorussie et Kazakhstan), la Chine, Taiwan, la Corée du Sud et le Japon, les gouvernements et les populations, à quelques exceptions près, sont relativement pro-nucléaires.

En Russie et en Chine, le gouvernement mène une politique de développement de l’atome très offensive, tant sur le territoire national qu’à l’exportation. La Russie a déjà construit de nombreux réacteurs à travers le monde, dans l’est de l’Europe bien sûr, mais aussi en Chine, en Iran et en Inde et a récemment signé de nouveaux accords, en Egypte, en Argentine, en Turquie, au Laos… La Chine, dont l’expansion à l’international est plus récente, n’en a pas moins signé des accords avec le Brésil, l’Algérie, le Kenya, l’Indonésie… et a d’ores et déjà lancé des projets de construction au Pakistan, en Argentine et au Royaume-Uni.

Les pays satellites de l’ex-URSS (l’Arménie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan), bien qu’ayant connu dans cette région l’un des accidents nucléaires les plus tristement célèbres, en 1986, à Tchernobyl en Ukraine, ont aujourd’hui peu de complexes à recourir à cette énergie. Au contraire, ces pays ont la volonté de développer leur parc nucléaire existant ou d’avoir recours pour la première fois au nucléaire.

Au Japon, en Corée du Sud et à Taiwan, à la suite de l’accident de Fukushima en 2011, les gouvernements ont eu la volonté de ne plus compter sur le nucléaire pour l’approvisionnement du pays en électricité, mais sont finalement revenus en arrière, poussés par les contingences techniques pour le Japon ; par l’opinion en Corée et à Taiwan. Dans ces deux derniers pays, cependant, et malgré le soutien d’une majorité de la population, l’objectif des dirigeants reste, à long terme, d’arrêter le nucléaire.



[1] Dans un réacteur à neutrons rapides, les neutrons émis par la réaction nucléaire ne sont pas „ralentis“ par le modérateur. Leur énergie plus importante autorise la réaction nucléaire avec le plutonium et une partie des autres produits de fission, aujourd’hui considérés comme des déchets.


[i] https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-o-s/russia-nuclear-power.aspx

[ii] https://www.rosatom.ru/journalist/arkhiv-novostey/pochti-tri-chetverti-rossiyan-podderzhivayut-atomnuyu-energetiku-pokazal-opros/

[iii] https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_nucléaire_de_la_Chine;

[iv] https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-a-f/china-nuclear-power.aspx

[v] http://www.dw.com/en/for-russia-ukraine-and-belarus-the-future-is-nuclear/a-15002628

[vi] https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-a-f/belarus.aspx

[vii] http://belisa.org.by/ru/izd/stnewsmag/1_2009/art6_10_2009.html

[viii] http://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-g-n/kazakhstan.aspx

[ix] http://demos.kz/eng/index.php?article=30

[x] https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-g-n/japan-nuclear-power.aspx

[xi] https://en.wikipedia.org/wiki/Rokkasho_Reprocessing_Plant

[xii] https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-o-s/south-korea.aspx

[xiii] https://www.reuters.com/article/us-southkorea-nuclear-idUSKBN1CT0RS

[xiv] https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/others/nuclear-power-in-taiwan.aspx

[xv] https://www.economist.com/asia/2017/08/17/a-massive-blackout-prompts-questions-about-taiwans-energy-policy