Pour une transition énergétique ambitieuse

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Dans le cadre du débat national sur la transition énergétique qui s’ouvre au sein de la conférence environnementale, François Hollande a affirmé que les experts sont des acteurs « indispensables » et a rappelé que l’expertise doit être indépendante et plurielle. Cette évocation du rôle de l’expert est un signe positif pour un think-tank comme le nôtre, dont la légitimité des travaux repose sur la connaissance scientifique. The Shift Project met naturellement son expertise au service de ce débat, et revient sur quelques-uns des éléments phares de la feuille de route du gouvernement en matière d’énergie.

 

Sur le nouveau modèle de croissance (p2)

Pour le gouvernement, la lutte contre le réchauffement climatique représente le levier d’un nouveau modèle de croissance. Insistons sur le terme « nouveau », car il s’agit bel et bien de repenser le fonctionnement de notre économie. Le changement de modèle dont il est question ici est sans doute loin d’être aussi audacieux que celui qui nous permettra d’envisager un futur très probablement sans croissance, justement – mais cette prise de position peut néanmoins être saluée.

En outre, changer de modèle nécessite de changer d’outil de mesure. C’est pourquoi The Shift Project a travaillé sur la feuille de route d’un changement d’indicateur en identifiant tous les usages actuels du PIB.

 

Sur la tarification progressive (p18)

La tarification progressive de l’énergie doit avant tout être considérée comme une mesure d’équité préventive permettant une hausse pilotée des prix de l’énergie à moyen et long terme. D’autre part, les objectifs de réduction des consommations d’énergie devront être pris en compte tout au long de l’élaboration des modalités. Il faudra notamment veiller à ce que la tarification ne soit pas un facteur dissuasif pour la rénovation thermique des logements.

 

Sur les véhicules sobres (p7)

Avec le développement de véhicules consommant 2 litres d’essence aux 100 kilomètres dans les dix prochaines années, le gouvernement fait preuve de lucidité et d’ambition. En effet – et c’était une des conclusions fortes de la conférence du Shift sur la voiture électrique – en terme de réduction des émissions, le type de véhicule (électrique ou fossile) importe moins que sa consommation d’énergie, elle-même fonction de plusieurs paramètres (masse, type de conduite etc).

 

Sur les énergies renouvelables (p4 et 8)

Concernant les réseaux de chaleur, la géothermie et la biomasse, le gouvernement souhaite «prendre appui sur des initiatives locales», indiquant une démarche de décentralisation tout à fait cohérente avec les spécificités locales des ressources renouvelables impliquées – même si c’est à l’Etat de mettre en place une gouvernance à échelle nationale qui soit à la fois efficace et juste. Souhaitons par ailleurs que la création d’un fonds bois-carbone et d’un « comité national filière-bois » débouche sur une politique de relance de l’industrie forestière qui permettrait une meilleure utilisation de la ressource bois énergie – un atout français de taille.

 

Sur l’artificialisation des terres (p11 et 20)

L’engagement que prend le gouvernement dans la lutte contre l’artificialisation des sols s’inscrit dans un projet de loi prévu pour début 2013. C’est  une bonne nouvelle dans la mesure où le projet de loi s’attèlera, par la même occasion, au problème de l’étalement urbain et de la consommation énergétique qu’il est urgent de réduire dans les villes. The Shift Project aborde cette problématique du point de vue de la solvabilité des ménages, et préconise de modifier les critères d’octroi des prêts pour prendre en compte l’augmentation du prix de l’énergie, en particulier du pétrole. L’objectif de cette proposition est de s’assurer que les ménages auront les moyens de vivre dans le bien qu’ils achètent.

 

Sur la question des scénarios (p6)

Dans le cadre de la première période du débat, le gouvernement prévoit « une phase de pédagogie et d’information (…) sur la base de scénarios rigoureux (…) ». Pour The Shift Project, qui a développé une expertise interne importante en matière de scénarios énergétiques, la formulation utilisée dans la feuille de route induit deux alternatives possibles :

– Les parties prenantes travaillent à partir de scénarios déjà existants et se dotent de l’expertise et des ressources nécessaires pour en faire un usage optimal ;

– Les parties prenantes  effectuent un travail de convergence autour de scénarios (sur les aspects méthodologiques, les hypothèses retenues etc.), ce qui représente un effort de longue haleine nécessitant une task force « ad hoc » conséquente. Dans ce cas, les deux mois prévus pour cette phase paraissent insuffisants.

 

Sur la campagne de communication

Il est essentiel que la taxe environnementale et le prix de l’énergie soient au cœur de la grande campagne de communication annoncée par le Premier Ministre : le gouvernement doit prendre une position plus claire sur la taxe carbone  et se donner les moyens d’emmener l’opinion publique vers l’adhésion à une fiscalité environnementale forte pour permettre à la France de rejoindre ses voisins européens.


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