Le 12 septembre dernier, le Shift réunissait une brochette de passionnés et de professionnels pour échanger connaissances et bonnes pratiques liées aux visualisations de données (« Dataviz ») avec un fil rouge énergie-climat. Voici quelques idées fortes et un petit bouquet de liens pour les absents… et les curieux.
Image : Climate Chain / Ecosystems and their goods and services by Density Design
Des métiers nouveaux
Tout au long de la matinée aura ressurgi une réflexion sur les métiers et les compétences mobilisés pour produire des Dataviz à destination des entreprises, ou du public. Design pour les qualités d’ergonomie, d’intuitivité, d’esthétique, plutôt « matheux » pour les algorithmes, « techno-geek » pour la mise en oeuvre mais toujours aussi une connaissance des sujets de fond pour que la présentation des données soit porteuse d’un enseignement. Le dynamisme de la branche « datajournalisme » est révélatrice de cette recherche de signification. Au passage, coup de coeur sur le data project de Jean Abbiateci.
Infinie diversité
On remarque une immense diversité de formes : image statique ou interface dynamique de navigation, données quantitatives seules ou parfois exclusivement qualitatives. La richesse du « produit fini » réside parfois dans le parti pris de l’épure, une simplification au service du message mais aussi parfois dans la quantité de données interreliées. Dans ce dernier cas, c’est plutôt l’exploration dynamique des données qui peut faire émerger les informations de valeur.
Moins, c’est mieux !
Un petit conseil aux consultants habitués des présentations de 183 diapositives débitées au client en 28 minutes chrono pour laisser 2 minutes de questions … acceptez l’idée selon laquelle on peut signifier qu’on a travaillé en montrant peu. Comme dirait Antoine de St Exupéry : « La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. » (merci à Kilian pour cet argument choc 🙂
Pousser le clavier
Si vous voulez vous lancer, un conseil : poussez le clavier 30 minutes, devant votre feuille blanche, demandez vous ce que vous avez envie de raconter, visualisez la conclusion, écrivez-la. Plus tard dans le projet, ce sera certainement une bonne base pour échanger avec le/la graphiste (« la conclusion c’est ça et voilà à quoi on le voit »).
On retiendra l’exemple de Gapminder.org où tous les moyens sont mis au service du message.
Les incontournables Energie-Climat du moment
On ne peut pas ne pas citer ici le theshiftdataportal.org qui rassemble de nombreuses données sur l’énergie et les émissions de GES ainsi que des analyses originales produites par le Shift. On remarque le tout frais portail de l’AIE, qui se met aussi à la dataviz ! On n’est pas déçu de revisiter l’esprit des scénarios à 2050 de l’Energy Technology Perspectives sous cette nouvelle forme.
Les visualisations de GE sont très séduisantes.
On aime l’approche très variée vue des sujets carbone par l’anamorphose de Carbonmap.org.
Pour terminer, on apprécie la simplicité et l’estétique de ce projet de l’Open Knowledge Fondation qui regroupe les essentiels Européens sur l’energie et les émissions de gaz à effet de serre.
Un conseil : pensez à cliquer !
Sans les chiffres
Sans les chiffres mais pas moins passionnant, on trouve sur le portail de « Mapping Controversies » (ou cartographie des controverses, à laquelle participe le médialab de SciencesPo) des travaux d’étudiants qui rendent compte du débat sur les faibles doses radioactives ou encore la question de la gestion des déchets radioactifs en Suisse.
Les « Expérienciels »
Il y ceux qui vous prennent par la main comme les très instructifs eGreen et Enerquiz de la FNH ou encore le calculateur « d’empreinte esclave » moins dans le sujet mais pas moins surprenant. Plusieurs autres solutions sont décrites dans d’autres articles en ligne.
Et parmi ceux qui vous montrent l’essentiel dès le premier clic comme le très inspirant calculateur du Guardian qu’on aime toujours : Can you cut UK emissions ? ou pour le public averti, le générateur de scénarios à 2050 du Département de l’énergie et du Climat chez nos amis grands bretons toujours.
Les Collections
Mais on s’éloigne un peu de la donnée brute (et c’est bien !) … pour revenir dans le coeur du sujet, voici quelques collections. Ici on trouve celle de Cole Wardell sur tous les sujets de « Sustainability » et ici et là celles de Brice Terdjman.
Les outils
On ne peut pas ne pas citer, encore une fois, l’outil QlikView qui permet d’obtenir avec très peu de formation des graphiques interactifs très rapidement.
Au cours de la matinée, on aura fortement recommandé Tableau Software facile pour débuter et faire ses premières expériences de dataviz. Le logiciel est très ergonomique et gratuit mais attention tout de même si vous manipulez des données sensibles : elles deviennent accessibles à tous.
On aura peu parlé des outils Google, notamment ceux qui ont découlé du rachat de Trendanalyser de l’incontournable Gapminder.org.
Les professionnels
Du côté des entreprises, il y a des plus petits comme RichAnalysis ou CaptainDash, des plus gros comme Dassault systèmes.
On notera aussi des plus purs comme les du labo Density Design du Politecnico di Milano.
A noter, il existe un réseau/think-tank de la visualisation de donnée qui se réunit au Centre Pompidou tous les mois à Paris.
Pour aller plus loin
Quelques livres de référence sur la visualisation de l’information et un blog dédié (Andy Kirk).
Catégorie MANIFESTE et autres ovnis
On relève la façon inattendue d’évoquer la montée du niveau des océans par une sculpture (Antony Gormley), un Grafitti (Banksy) ou attirer l’attention sur les rejets d’une centrale directement à la sortie de sa cheminée (Helen Evans and Heiki Hansen).
On retiendra aussi l’historique exposition « So Watt, du Design dans l’énergie » en 2007 par la fondation EDF qui présenta de multiples visualisations d’information dans les objets comme dans cette multiprise par exemple.