Laurent Morel, administrateur du Shift et ancien Président du Directoire de Klépierre, a été interviewé par la revue « Réflexions Immobilières ».
L’occasion d’évoquer les derniers éléments réglementaires engageant les entreprises dans une description précise de leur « modèle d’affaire » : sur ses impacts sociétaux et environnementaux, sur les risques ou les opportunités qu’il implique pour toutes ses parties prenantes. Autant d’éléments qui intéressent de plus en plus les investisseurs.
L’IEIF (Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière), qui édite la revue Réflexions Immobilières, nous autorise gracieusement à mettre l’interview à votre disposition.
Extraits :
« […] Depuis le début du XXème siècle, l’économie du monde a connu une croissance phénoménale, jamais connue auparavant, avec un enrichissement considérable de nos sociétés développées et une diminution globale de la pauvreté dans le monde. Une grande partie de cette réussite économique, de ce développement, est liée à une ressource énergétique immense, très supérieure en termes d’intensité et de puissance à tout ce que l’humanité avait connu jusqu’ici : le carbone sous sa forme fossile, le charbon d’abord sur la fin du XIXème siècle – tout le monde sait que la révolution industrielle vient de cette surpuissance que les hommes ont acquis grâce à l’énergie fossile – et, plus tard, le pétrole.
Toute l’histoire économique et politique du XXème siècle, et militaire probablement aussi, est marquée du sceau de l’accès à cette ressource infiniment plus puissante que ce qu’on avait connu jusqu’alors. Avec, en contrepartie, une terrible dépendance à cette ressource et un effet collatéral à peu près ignoré ou sous-estimé jusqu’à il y a une vingtaine d’années : l’émission de gaz carbonique.
[A l’issue des COP, dont la COP21] Les États sont au moins parvenus à se mettre d’accord sur des formats standards de reporting et de décompte.
[…] Certes, quand on sait qu’il a fallu plusieurs siècles pour unifier la comptabilité des entreprises, on se doute bien qu’il faudra du temps et du travail pour que la comptabilité carbone devienne éventuellement un outil de régulation. Mais les États, les gouvernements, les coalitions de gouvernements, toutes les institutions de surveillance de l’économie s’intéressent aujourd’hui au reporting climat.
[…] Jusqu’à présent, il n’a pas été question de rationner la consommation d’énergie fossile par la contrainte. On n’en est pas encore à ce niveau de radicalité de la décision politique. Ce serait sans doute la pire des solutions mais elle ne peut pas être totalement exclue s’il n’y a pas de progrès assez rapides dans l’économie et la société réelles. »