Le changement climatique va pousser la plupart des espèces de la biosphère à une adaptation rapide, nous le savions déjà. Elle a d’ailleurs déjà commencé pour certaines d’entre-elles, comme la chenille processionnaire. Ce que révèlent pourtant I-Ching Chen, chercheur à l’Academia Sinica de Taïwan, et quatre biologistes anglais, est que cet ajustement pourrait arriver bien plus vite, et de façon plus importante, que nous le pensions.
Un article de Pierre Le Hir paru dans le Monde présente les résultats de leur « méta-analyse », parue dans la revue Science du 19 août, et qui porte sur plus de 2000 espèces animales et végétales. Compilant des données et des résultats sur une période de 40 ans, ils ont mis en évidence le lien entre le réchauffement de l’atmosphère et ces migrations accélérées et, pour la première fois, une claire corrélation. Ils ont ainsi observé un déplacement généralisé des espèces étudiées vers des zones plus fraîches à la vitesse moyenne de 16,9 kilomètres par décennie et une élévation moyenne de 11 mètres par décennie. Les plus rapides seraient les libellules, les papillons, les araignées ou les cloportes avec « des pointes de 70 à plus de 100 km par décennie ». Pour le Professeur Chris Thomas, cité dans un article de l’Université de York, « ces changements sont équivalent à un déplacement des animaux et des plantes depuis l’Equateur à un rythme de 20 cm par heure, toutes les heures de la journée, tous les jours de l’année ».
L’article souligne également le rôle de la destruction de l’habitat naturel de la faune et de la flore dans ces migrations. L’intensification de l’agriculture ou l’extension des zones urbaines sont par exemple pointées du doigt.