Identifier les impasses sur le chemin de la neutralité carbone
Nous y sommes presque, mais cependant rien n’est fait. L’accord climatique sur le point d’être négocié par la communauté internationale se résume à une seule chose: des promesses. Appliquer les promesses nationales de réduction des émissions dans la réalité exigera des engagements nationaux, tant en matière d’investissements que de consensus politique.
La pierre angulaire serait la mise en œuvre d’une tarification du carbone significative dans le monde entier. Bien qu’il existe plusieurs façons d’y parvenir, les impasses potentielles sont nombreuses.
Première impasse
Ce que l’Union européenne n’a pas réussi à atteindre jusqu’à présent au travers de son système d’émissions carbone (ETS) devrait constituer un avertissement sévère pour gérer les futures impasses. Les ETS n’ont pas favorisé un prix du carbone significatif et prévisible. Il est presque certain que même la réforme actuelle du système – avec des outils sophistiqués tels que la soi-disant « réserve de stabilité de marché » – échouera à livrer un prix du carbone significatif avant le milieu des années 2020, dans le meilleur des cas.
La question est aussi politique que financière: au sein de l’Union européenne, les décideurs ont toujours cherché à ce que chacun soit satisfait dans tous les secteurs économiques. Mais il faut accepter le résultat de la transition énergétique, comme pour chaque grand changement économique de l’histoire: il y aura des gagnants, et il y aura des perdants.
Deuxième impasse
La mise en œuvre des systèmes de plafonnement et d’échange pour obtenir un unique prix mondial du carbone est tentante, mais hors de propos. Le coût permettant d’éviter les émissions de CO2 varie de zéro à un montant approchant … 5000 $ la tonne, selon le type de politique menée. Pour atteindre la neutralité carbone, les taxes frontalières demeurent un outil très puissant – elles pourraient même être jugées essentielles, car le temps est compté pour gagner la course contre le réchauffement climatique. Il est urgent que les acteurs économiques qui se disent engagés dans la transition énergétique cessent de considérer que le recours à un tel outil non-orthodoxe relève du blasphème…