Le Shift Project lance ses travaux sur le rôle de la formation continue dans la transition écologique

Le Shift Project est fier d’annoncer le lancement de son projet de mobilisation des acteurs de la formation continue !  Ce travail à pour ambition d’aider à anticiper les transformations de l’emploi et de mettre en lumière les compétences sans lesquelles la transition ne pourra avoir lieu.

I. Contexte et enjeux

A. Mener la transition écologique demande une évolution de l’emploi et des compétences dans tous les métiers

La transition écologique ne pourra se faire sans une forte évolution de l’emploi et des compétences. C’est l’une des conclusions des travaux de The Shift Project sur l’emploi dans le cadre du Plan de transformation de l’économie française, qui offrent une première analyse des besoins en main-d’œuvre et en compétences dans une grande variété de secteurs pour rendre l’économie française neutre en carbone et résiliente. Le rapport L’Emploi : moteur de la transformation bas carbone2 apporte ainsi des éclairages sectoriels et transverses sur une partie des besoins d’évolution des compétences et des formations3.

La disponibilité en compétences et en main-d’œuvre risque de constituer un goulet d’étranglement pour la transition. Les travaux de The Shift Project sur l’emploi permettent de conclure qu’au même titre qu’une pénurie de matériaux ou d’énergie, une pénurie de main- d’œuvre ou de compétences peut constituer un frein à la mise en œuvre des mesures identifiées.

Dans certains secteurs, la transition s’accompagne de forts besoins de main-d’œuvre.

Ainsi, pour la rénovation énergétique des bâtiments, les tensions de recrutement se font déjà ressentir. Dans l’agriculture, le changement des pratiques agricoles demandera également davantage de travail humain. Le transport ferroviaire de longue distance pourrait voir son besoin de main-d’œuvre doubler d’ici à 2050, si le train est privilégié par rapport aux autres modes de transport, plus carbonés. La production d’électricité décarbonée et les nouvelles filières industrielles (solaire, éolien, batteries…) s’accompagnent également de besoins de recrutement. La massification du recyclage et de la réparation pourrait elle aussi constituer un gisement d’emploi important4.

Par ailleurs, qu’il y ait ou non des évolutions de volume d’emploi, de nouvelles compétences sont nécessaires. D’une part, tous secteurs et tous métiers confondus, la compréhension des enjeux de transition écologique devra se systématiser, pour impulser ou comprendre les transformations à mener. D’autre part, de nombreux métiers devront évoluer. Ce sera par exemple le cas dans l’agriculture avec le développement de pratiques agroécologiques ; dans le bâtiment, pour intégrer des techniques de rénovation énergétique et utiliser de nouveaux matériaux de construction ; dans l’industrie automobile pour passer de la production de voitures thermiques à des voitures électriques légères. Une évolution des compétences se fera aussi sentir dans les secteurs de services : ainsi dans la santé, privilégier la prévention au curatif contribuerait fortement à la réduction des impacts du secteur, et appelle des compétences spécifiques et une réorganisation du système de soins. Plus largement, dans tous les secteurs marchands, les métiers de la gestion (stratégie, marketing, finance, contrôle de gestion…) devront intégrer de nouvelles compétences pour transformer les modèles économiques des entreprises.

Dans certains secteurs en revanche, la transition pourrait diminuer le volume d’emploi : ce risque sur l’emploi doit être anticipé, notamment à travers la planification et l’accompagnement des reconversions. Ainsi, les emplois de l’extraction des combustibles fossiles ou ceux du transport aérien seraient impactés à la baisse par la décarbonation de l’économie. Des reconversions seront nécessaires pour amortir la contraction de ces secteurs. Pour accompagner les reconversions au mieux, et déployer les formations adéquates, les pertes d’emploi doivent être anticipées et mises en regard des besoins des autres secteurs.

 

B. Les acteurs de la formation continue pourraient jouer un rôle déterminant pour la transition

Les acteurs de la formation continue ont donc un rôle majeur à jouer : d’une part, pour développer les compétences qui seront – et sont d’ores et déjà – nécessaires pour décarboner la société et la rendre plus résiliente aux bouleversements en cours, et d’autre part, pour contribuer aux reconversions des personnes dont l’emploi actuel sera menacé.

Tous les acteurs du secteur doivent se mobiliser : organismes de formation, financeurs publics et privés de la formation continue, filières professionnelles, acteurs institutionnels… Leur mobilisation conjointe est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques et de transition nationaux.

Certains acteurs commencent à se mobiliser sur ces sujets.5 Toutefois, ce premier mouvement est encore loin d’être généralisé, et ceux qui se saisissent de ces enjeux sont demandeurs d’accompagnement pour orienter leur action.

 

C. Les travaux du Shift Project sur l’enseignement supérieur : une première contribution à l’évolution des formations

En parallèle des travaux sur l’emploi, The Shift Project a contribué à initier une réflexion sur l’évolution des formations au sein de l’enseignement supérieur. Des travaux dédiés aux formations d’ingénieurs, aux formations en gestion et en finance font des propositions opérationnelles sur le contenu des formations (Qu’est-ce que les diplômés doivent savoir pour intégrer les enjeux écologiques à leur vie professionnelle ?) et sur la mise en œuvre des transformations requises (Comment s’organiser à l’échelle d’un établissement ? Quels formats et postures adopter pour enseigner ces enjeux ? Quelle responsabilité des acteurs qui influencent les établissements et les professeurs ?).

Ces travaux ont permis au Shift d’acquérir une bonne compréhension des enjeux de transformation propres à la formation. Ils soulignent également le besoin de faire évoluer non seulement la formation initiale mais aussi la formation continue, afin que de nouvelles compétences soient acquises rapidement par un grand nombre d’actifs déjà en poste ou pouvant prendre un poste rapidement.

Les travaux du Shift Project sur l’enseignement supérieur ont été initiés par un état des lieux de l’intégration des enjeux liés aux limites physiques de la planète dans les formations du supérieur, paru en 2019 dans le rapport Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat. Ce rapport, qui s’appuie sur 150 entretiens qualitatifs et sur une analyse quantitative portant sur un échantillon d’établissements, pose un constat de carence des enjeux liés au climat et à l’énergie dans les formations et dessine des pistes d’action ambitieuses pour tous les acteurs concernés. Il a contribué à faire émerger des dynamiques d’intégration de ces enjeux, aussi bien à l’échelle d’établissements et de professeurs qu’à l’échelle institutionnelle, avec une forte mobilisation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le projet dont il est question dans la présente note vise à reproduire une dynamique similaire de mise à l’agenda de la transition écologique auprès de l’écosystème de la formation continue, tout en identifiant de premières pistes opérationnelles pour initier des transformations.

 

II – Objectifs du projet

L’objectif principal du projet est de mobiliser les acteurs de la formation continue pour qu’ils se saisissent des enjeux de transition écologique.

Dans ce but, le projet se donne pour objectifs intermédiaires de :

  • Proposer une grille de lecture des enjeux que pose la transition écologique pour la formation continue
  • Documenter la manière dont les acteurs de la formation continue s’emparent actuellement des enjeux de transition écologique

Identifier les leviers de transformation du secteur propres à chaque type d’acteurs, et les décliner en recommandations opérationnelles

A. Objectif n°1 : Proposer une grille de lecture des enjeux que pose la transition écologique pour la formation continue

Pour favoriser une bonne compréhension des enjeux de transition écologique par les acteurs de la formation continue, et de leur rôle dans cette transition, il semble essentiel de proposer une grille de lecture de ces enjeux pour la formation continue.

Cette grille de lecture couvrira notamment (voir ci-dessus, I.A, pour davantage de précisions) :

  • La production de nouvelles formations pour les emplois dont le volume va être impacté par la transition: nouveaux besoins en emploi pour la transition et accompagnement à la reconversion des emplois qui seront perdus ;
  • La mise à jour des compétences des métiers qui devront évoluer qualitativement pour mener la transition.Elle s’appuiera sur des exemples issus de secteurs spécifiques, et s’adressera aussi bien à des acteurs sectoriels que trans-sectoriels. Elle s’appuiera largement sur les travaux déjà existants du Shift Project sur l’emploi et l’enseignement (voir ci-dessus, I.A, pour un aperçu des enjeux et des secteurs couverts par les travaux sur l’emploi du Shift Project). Elle s’appuiera également sur les travaux sectoriels en cours au Shift Project, dans lesquels seront intégrés les enjeux d’emploi et de formation :
  • Agriculture : un travail est en cours sur la décarbonation des systèmes agricoles et alimentaires, avec un volet emploi et formation ;
  • Numérique: déploiement de la sobriété numérique et dimensionnement des infrastructures des réseaux mobiles ;
  • Industries de la santé : l’industrie de la plasturgie et le recyclage et le réemploi devraient notamment être abordés ;

Santé : un travail est en cours sur la branche Autonomie.

Elle pourra être renforcée par des travaux de prospective sur l’emploi et les compétences pour la transition écologique menés par d’autres acteurs. Par exemple, à l’échelle d’une filière, on pourra s’appuyer sur les diagnostics produits en réponse à l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir ».

B. Objectif n°2 : Documenter la manière dont les acteurs de la formation continue s’emparent des enjeux de transition écologique

Il s’agit de documenter les différents éléments réalisés par des acteurs de la formation continue, pour :

  • Dresser un état des lieux du niveau de compréhension et d’intégration de ces enjeux dans la formation continue ;
  • Mettre en lumière les actions déjà initiées pour contribuer à l’évolution des compétences pour la transition, afin que les acteurs les moins mobilisés puissent s’en inspirer ;
  • Identifier les manques, à l’aune des besoins sectoriels identifiés par The Shift Project et par les autres études prospectives sur l’emploi et les compétences pour la transition (voir ci-dessus, la grille de lecture des enjeux).C. Objectif n°3 : Identifier les leviers de transformation du secteur propres à chaque type d’acteursL’identification des leviers de transformation de la formation continue s’adressera à tous les acteurs. Elle s’appuiera notamment, sans s’y restreindre, sur les actions déjà initiées qui pourraient être répliquées.Les acteurs de la formation continue identifiés à ce stade et dont le rôle sera étudié sont :
  • Les organismes de formation privés et publics
  • Les financeurs : entreprises, Pôle Emploi, régions, autres collectivités territoriales, GroupeCaisse des Dépôts, etc.
  • Les acteurs institutionnels : ministère du Travail, Opco, France Compétences, Ademe, etc.
  • Les bénéficiaires de la formation continue: entreprises, branches professionnelles,individus bénéficiaires, etc.

Ainsi que tout autre acteur non identifié dans la présente note de cadrage mais qui joue un

rôle dans l’intégration des enjeux de transition dans la formation continue.

Les leviers proposés seront aussi opérationnels que possibles. Ils viseront à émettre des recommandations opérationnelles pour l’ensemble des acteurs cités.

Par exemple, cette analyse devra permettre aux organismes de formation de faire évoluer leur offre de formation, en intégrant toutes les dimensions : identification des besoins, transformation des formations ou création de nouvelles formations, engagement et formation des équipes…

Elle devra également permettre aux acteurs institutionnels et aux financeurs de mieux planifier et accompagner la transformation de l’emploi via une impulsion sur le plan de la formation continue. Elle abordera la question de la priorisation des efforts à fournir selon les secteurs et les types de formation, notamment en termes de besoins de financement.

Elle vise également, pour tous les types d’acteurs, à outiller les individus moteurs en interne pour leurs projets de transformation.

Calendrier & livrables

  • Durée : 14 mois
  • Début : janvier 2024
  • 7 novembre 2024 : publication d’un rapport intermédiaire
  • 4 mars 2025 : publication du rapport final

Équipe projet

Cheffe de projet : Cécile de Calan

Chef de projet : Damien Amichau

Coordination de projet : Vinciane Martin

Contact : vinciane.martin@theshiftproject.org