« Crise(s), climat : vers un Plan de transformation de l’économie française » : un chantier d’urgence et son financement participatif

The Shift Project vous présente son chantier d’urgence dans le contexte de la crise du COVID-19, et la campagne de financement participatif qui vise à le financer.

 

Un chantier pour un plan concret

Téléchargez le chantier d'urgence du ShiftNous voici dos au mur. Ne reprenons pas la vie comme avant. Nous ne le pourrions sans doute pas, et nous ne le devons pas.

L’association d’intérêt général The Shift Project propose un plan de transformation de nos activités essentielles (se nourrir, se loger, se déplacer, se soigner, travailler, comprendre, échanger), afin de les rendre saines et robustes pour les temps de crise économique et écologique dans lesquels nous entrons.

Mettre en œuvre une transformation de notre organisation sans miser sur le pari de la croissance

La croissance, sur laquelle reposent toutes les politiques mises en œuvre jusqu’ici, risque ne pas revenir en Europe avant longtemps. Cette croissance n’a jamais fait autre chose que recourir aux énergies fossiles et tarissables, pétrole, gaz naturel, charbon, qui bouleversent déjà le climat et menacent les conditions de vie sur Terre.

Il est prudent – et il est possible ! – de concevoir, de débattre et de mettre en œuvre une transformation de notre organisation sans miser sur le pari incertain et périlleux de la croissance.

Un but clair et une méthode

Avec la pandémie de Covid-19, les Français redécouvrent ce que signifie une pénurie, et voient que l’argent se trouve toujours, mais ne suffit pas à résoudre une crise : ils s’aperçoivent à nouveau que sans organisation au service d’un but clair, la « puissance économique » n’est rien.

Les débats autour de la transition écologique se sont surtout focalisés jusqu’ici sur des montants d’investissements et des tuyaux de financement. Très peu sur l’objectif, quasiment jamais sur la méthode. C’est mettre la charrue avant les bœufs, tout simplement.

La méthode que nous voulons échafauder s’intéresse à l’économie concrète :

  • pas « euros », « croissance » et « dette », mais « métiers », « tonnes », « joules » ;
  • pas « Combien ça coûte ? », mais « Que fait-on ? »

Une transformation qui peut être vertueuse…

Elle parlera de ce que les gens font aujourd’hui et de ce qu’ils pourront faire demain, et des moyens matériels nécessaires pour opérer le passage d’un monde à l’autre.

La transformation que nous envisageons réclamera dans bien des cas de simplifier ou de ralentir. Souvent aussi, elle aura besoin de davantage de têtes et de bras.

Un système économique plus sobre n’a pas à être un système demandant aux pauvres de se serrer plus encore la ceinture. Au contraire, il peut donner de l’air aux budgets les plus modestes, en organisant des économies d’énergie et de matière. Et il peut ouvrir d’importantes possibilités nouvelles de travail.

…et qui doit être planifiée

Un tel cercle vertueux, pour être bouclé, doit être pensé, discuté, organisé : planifié.

En partant de la situation de ceux qui vivent et travaillent aujourd’hui en France, The Shift Project pose les jalons d’un plan de transformation de l’agriculture, du bâtiment, de l’énergie et de l’industrie, des transports, de la santé, des services, de la culture et des médias.

Le but : lancer un débat sur les actions que la République devra mener à bien pour tenir ses engagements devant l’Histoire, et offrir à chacun une place dans une société durable.

La France est capable d’ouvrir à nouveau le chemin du progrès.

Une méthode pratique

L’équipe du Shift Project et ses nombreux bénévoles ne prétendent évidemment pas développer à eux seuls tous les détails d’un tel plan. Mais nous nous croyons en mesure de rassembler les compétences nécessaires pour en ébaucher des bases consistantes, suffisamment détaillées pour que le débat démocratique ne se limite pas à discuter de pétitions de principe.
Ce sont ces bases que nous voulons aujourd’hui nous donner les moyens de poser.

Depuis sa création en 2010, le Shift Project soutient par ses analyses que les lois de la physique s’imposent aussi à celles de l’économie, que là réside la cause de l’étiolement de la croissance – et la modification de sa composition – depuis les chocs pétroliers des années 1970, et que nous sommes rentrés depuis dans un régime de croissance économique sous contrainte physique globale. Un régime subi mais pas compris, qui a conduit la finance à prétendre résoudre la crise de la dette de 2008 – l’année du pic de la production mondiale de pétrole conventionnel – par seulement davantage de dettes…

Pour élaborer notre méthode de construction d’un pont de transformation de l’économie française, nous avons constitué deux équipes :

  • une équipe de « pontiers », chargée de proposer où et comment commencer le pont.
    Elle proposera notamment des contreparties « décarbonantes » aux aides de l’État dans la cadre de la crise du COVID-19, détaillées par filière, par territoire ou par acteur. Des contreparties destinées en premier lieu aux gens qui maîtrisent des savoir-faire puissants, mais travaillent dans des activités risquant a priori d’avoir beaucoup à perdre, telles que l’aéronautique et l’automobile.
  • une équipe d’« architectes », chargée de dessiner la forme et la structure du pont.
    Elle décrira les possibilités de transformation concrète de chaque secteur, de chaque organe vital de la société, en termes d’emploi et de besoins de formation, d’organisation et de flux physiques.

Nous mettrons en cohérence nos propositions sectorielles avec un certain nombre d’axes transversaux et de paramètres décisifs, notamment :

Paramètres principaux

  • Climat et dépendance aux énergies fossiles : notre plan proposera une trajectoire cohérente avec une baisse des émissions de 4 % par an, nécessaire pour limiter le réchauffement à 2°C.
  • Emploi et macroéconomie : nous tâcherons de décrire comment l’emploi sera affecté globalement, territorialement et par filière. Nous déterminerons, en tendance, si ce que nous proposons risque d’aboutir à un PIB décroissant, croissant ou stable dans les années qui viennent. (Nous traiterons le paramètre PIB comme une résultante parmi d’autres, non comme une fin en soi, ce qui n’empêchera pas de tenir compte de boucles de rétroaction – en termes de revenus et de disponibilité de l’épargne, notamment.)
  • Résilience des catégories sociales : nous tenterons de prendre le point de vue de différentes catégories sociales, qui seront affectées de façon différente, afin d’évaluer comment l’effort à fournir peut être justement réparti.
  • Résilience aux chocs exogènes : nous chercherons à estimer si notre plan est résilient à des troubles dans d’autres pays, ou encore à de nouvelles crises sanitaires majeures.
  • Biodiversité & écosystèmes : nous estimerons qualitativement les impacts (positifs ou négatifs) de la mise en œuvre du plan sur la biodiversité et sur les écosystèmes.
  • Ressources et usages de l’eau : nous décrirons également comment les usages de l’eau évolueront dans le cadre du plan, en lien notamment avec le changement climatique.

Axes transverses principaux

  • Gouvernance du plan & qualité du débat démocratique : quelles règles pratiques instituer pour que le long-terme intègre les instances de décision ? Comment améliorer la qualité du débat (légitimité de l’expertise, évolution et réaction de l’opinion publique, rôle des médias, place de la publicité, etc.) ?
  • Épargne et fiscalité : comment flécher les moyens financiers des particuliers, des entreprises et de l’État pour financer les actions à entreprendre.
  • Gestion des « effets rebonds » : comment maitriser le résultat des mesures de réduction de la consommation d’énergie qui seront mises en place.
  • Urbanisme : comment adapter et faire évoluer les territoires urbains et périurbains.

* * *

Tout ceci ne sera qu’une esquisse, mais une esquisse qui doit permettre de lancer une conversation nationale pratique. Cette conversation, nous l’estimons urgente et vitale. Pour que cette esquisse soit réussie, nous avons besoin d’intelligence et de moyens.

Nous sommes une association d’intérêt général financée par de grandes et moins grandes entreprises, ainsi que par les pouvoirs publics. Nous cherchons à servir cet intérêt général de notre mieux.

Une campagne participative pour financer ce chantier exceptionnel

Nous estimons que la sortie de cette crise sera une occasion majeure de mettre enfin la France sur les rails d’une politique climatique audacieuse, cohérente, et surtout résiliente. Mais cela requiert que nous pesions de tout notre poids pour que les idées portées par le Shift trouvent un public large et puisse atteindre les décideurs économiques et politiques.

Et quel meilleur vecteur qu’un plan de transformation cohérent, multisectoriel, s’adressant aux citoyen.ne.s et aux professionnel.le.s de tous les secteurs, leur permettant d’entrevoir ce que pourrait être la transition (vue par le Shift) pour eux et leur métier ?

C’est l’élaboration et le portage de ce Plan que nous vous proposons de soutenir : chaque don nous permet de mieux construire nos propositions et de peser un peu plus sur les décisions économiques et politiques.

Notre chantier d’urgence a été présenté lors d’un webinaire dédié le 6 mai dernier, que vous pouvez retrouver en vidéo ci-dessus. Intervenants : Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project, Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, Nicolas Raillard, chef du projet. En présence également de plusieurs chef.fe.s de secteurs.


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