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Numérique

Le numérique est un secteur à part entière, et il est loin d'être immatériel : les impacts carbone-énergie des terminaux, réseaux et centres de données augmentent, et bien plus rapidement que ceux d'autres secteurs. Faire du numérique un atout pour la décarbonation, plutôt qu'un défi supplémentaire, n'est pas automatique : nous devons revoir ses infrastructures, leur dimensionnement et les dynamiques d'usages qu'elles engendrent.

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Le numérique dans le Plan de Transformation de l'Economie Française

Le Plan de transformation de l’économie française (PTEF) fait des propositions pragmatiques, ouvrant un chemin de décarbonation réaliste et cohérent au sein d’une transformation de long-terme. Il ne repose ni sur le pari incertain de la croissance économique, ni sur des évolutions technologiques supposées advenir mais encore non éprouvées. Cohérent du point de vue des lois de la physique et de la technique, le PTEF tient compte du bouclage des flux entre les secteurs, en particulier sur les ressources physiques et les compétences, l’emploi étant au cœur du dispositif.

Le numérique s’intègre dans la vision physique et systémique construite par le PTEF au travers de la description des tendances mondiales et de ses traductions au niveau de la France et de l’Europe :

Pour le numérique, le Shift a étudié :

Ses impacts visibles et cachés

En documentant les impacts de la phase de production des équipements (extraction minière, traitement industriel, fabrication des composants, assemblage, transport et livraison), en plus de la phase d’utilisation.

Sa pertinence environnementale

Qui ne peut s’évaluer qu’au cas par cas : déterminer les conditions sous lesquelles le déploiement d’une solution numérique sera pertinent pour réduire les impacts carbone-énergie (lumière connectée, domotique, logistique connectée, IA etc.) ne peut se faire qu’en effectuant une analyse spécifique et rigoureuse (prenant en compte les impacts indirects et de production).

Ses concurrences, voire conflits d’usages

Le numérique est déployé dans le monde entier à une vitesse soutenue, et réclame de l’énergie pour être produit et utilisé. Dans les régions fortement utilisatrices de services numériques, comme l’Europe en est une, le numérique appelle des quantités d’électricité (réseaux, centres de données intelligence artificielle etc.) qui deviennent concurrentes avec les autres secteurs, et avec la transition elle-même.

Les deux faces de sa dynamique : infrastructures et usages

Le numérique est à la fois piloté par le déploiement massif de nouvelles infrastructures (4G, 5G, centres de données pour l’IA générative etc.) qui rendent possibles et poussent de nouveaux usages, et par l’adoption généralisée de nouveaux services (vidéos en streaming, chatbots etc.) qui sollicitent ces infrastructures et justifient leur croissance. Reprendre la main sur l’impact du numérique implique d’agir à la fois sur les infrastructures (éco-conception, efficacité, dimensionnement) et sur les usages et services (design, comportements de consommation, sobriété).

La question des usages numériques individuels

Qui ont tous unitairement un impact carbone-énergie infime, mais qui font du numérique un défi environnemental par l’accumulation d’usages individuels (des milliards de personnes utilisatrices), la superposition d’usages de plus en plus intenses (messages textes, et images, et vidéos, et IA, et connectivité permanente en tout lieu etc.) et tous les impacts cachés et répartis dans les infrastructures, qu’aucun acteur économique ne voit entièrement.

Chiffres clés sur le numérique

  • 3 à 4 %

    des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont liées au numérique, avec une croissance annuelle de + 6 %.
  • 1/10

    de la consommation électrique mondiale est liée aux flux du secteur numérique.
  • 3/4

    du trafic Internet est lié à de la vidéo. En 2018, la vidéo en ligne type streaming représentait 60% du trafic mondial de données.
  • 90 %

    de l'impact carbone d'un smartphone vient de sa production, mais la phase d'utilisation représente la moitié des émissions du numérique mondial, une fois tous les effets pris en compte.

Quels leviers pour décarboner le numérique ?

Se doter d'une trajectoire de décarbonation

Construire une trajectoire de référence « Biens et services numériques » dans la Stratégie nationale bas carbone française (SNBC) permettra aux acteurs d’avoir un repère quantitatif pour orienter leurs décisions stratégiques (déploiement de services, dimensionnement d’infrastructures admissibles etc.). 

En faire un cadre qui conditionne les déploiements d’infrastructures permettra d’expliciter la place du numérique dans une économie qui se décarbone et de planifier les ressources (énergie, budget carbone) que l’on choisit de lui allouer.

Mesurer et faire preuve de transparence

Les parties prenantes du secteur (fournisseurs de services, producteurs d’équipements etc.) doivent rendre accessibles et transparentes les données d’impact des biens et services numériques : services cloud, smartphones, équipements professionnels etc. 

Cette mise à disposition d’indicateurs doit être réalisée par les fournisseurs de manière systématique et exhaustive :

  • En intégrant toutes les phases de vie : fabrication, transport, utilisation, fin de vie ;
  • En donnant accès au détail des hypothèses utilisées pour les évaluations (hypothèse sur les phases amont, consommations électriques, intensités carbone choisies etc.).

Ce degré de documentation et de transparence est indispensable pour permettre une analyse critique des propositions de déploiement de services et infrastructures, et assurer des choix stratégiques compatibles avec la double contrainte carbone.

Optimiser

L’optimisation rassemble les leviers permettant d’améliorer les efficacités énergétique et carbone (unitaires ou globales) des biens et services numériques (moindres consommations des équipements à performances équivalentes en phase d’utilisation, optimisation des circuits de refroidissement des centres de données, mutualisation et virtualisation des serveurs etc.). 

Les leviers produits par les acteurs économiques du secteur relèvent presque toujours de cette catégorie et font partie de leurs trajectoires historiques, permettant des économies opérationnelles. 

Il sont nécessaires, mais sont aujourd’hui gâchés : sans gestion des usages, ces leviers ont systématiquement pour effet final d’accentuer les impacts du numérique par effet rebond.

Réorganiser collectivement vers la sobriété

Organiser une transformation des typologies d’usages et des modèles économiques (production, consommation, création de valeur) est indispensable pour les rendre résilients vis-à-vis des contraintes physiques, qui seront sinon subies.

Placer le numérique sur la bonne trajectoire et profiter des gains potentiels de l’optimisation technologique ne peut se faire qu’en mobilisant ces leviers. Le numérique est principalement un outil qui permet d’accélérer et de rendre plus efficace le processus qu’il équipe. Pour qu’il devienne un allié de la transition environnementale, il doit donc s’équiper de mécanismes de pilotage robustes dépassant la simple optimisation et intégrant les dynamiques d’usages, leurs effets rebonds et une distinction claire entre les numérisations résilientes et celles qui ne le sont pas.

Mais qui peut bien impulser une telle réorganisation ? Ce sont les pouvoirs publics et régulateurs, via leur capacité à donner des trajectoires et règles de référence au acteurs, les acteurs économiques, en construisant la rentabilité des solutions numériques sur d’autres ressorts que l’augmentation des volumes de données et d’équipements, ainsi que les acteurs responsables du design des services numériques, en produisant des interfaces favorisant les comportements sobres plutôt qu’addictifs.

Former et monter en compétence

La formation et le développement des nouvelles compétences requises sont les maillons qui permettront la mise en oeuvre effective des stratégies et leviers prévus par les acteurs dans leurs feuilles de route : généraliser et systématiser la formation aux enjeux climat-énergie et leur traduction au numérique, introduire et mobiliser au sein des organisations les compétences et ressources nécessaires à la mise au point de modèles organisationnels et économiques s’affranchissant de l’explosion volumique, structurer le déploiement dans l’économie des compétences nécessaires à la généralisation des nouvelles logiques d’un numérique sobre et résilient (écoconception, design poussant la sobriété etc.).

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Fresques & Ateliers

De nombreux ateliers d’intelligence collective et “fresques” traitent de la décarbonation du numérique, allant de la sensibilisation à l’embarquement des collaborateurs et des organisations. Le Shift Project n’est pas à l’origine de ces initiatives, mais la plupart d’entre elles se basent, entre autres, sur nos travaux. Cette liste ne se veut pas exhaustive mais vous donnera sûrement des idées !

Les fresques et ateliers spécifiquement du numérique :

D’autres ateliers plus généralistes intègrent également une dimension numérique :

Les partenaires du programme

Le Shift remercie chaleureusement les mécènes du programme Numérique !

Comment relancer le débat sur la 5G pour construire une gouvernance numérique adaptée et efficace ?

14 Déc. 2021