Ce projet propose une nouvelle approche pour éclairer les décisions liées à la transition climatique et énergétique des territoires. Il place la gestion des ressources au cœur des démarches de planification territoriale qui doivent toutes désormais répondre aux enjeux d’adaptation au changement climatique et de décarbonation. L’objectif est d’anticiper les risques de tensions locales sur les « ressources physiques » (telles que l’eau, les sols, le bois ou les énergies) à l’horizon 2050, afin de mieux adapter les objectifs et les actions de transformation aux réalités territoriales. Le projet vise, in fine, à faciliter les arbitrages locaux et nationaux et à favoriser la coopération à toutes les échelles territoriales.
Contexte et enjeux
Des conflits d’usage de plus en plus fréquents et intenses
On observe déjà des conflits d’usages sur les territoires pour l’accès à des ressources limitées (eau, sols, espaces, bois, énergies, etc.). Les contraintes énergies-climat (changement climatique, transition vers une économie décarbonée) couplée à l’évolution de notre système socio-économique conduiront à des risques toujours plus importants de tensions :
Les dynamiques socio-économiques accentuent les tensions sur les ressources et font porter un risque sur certaines activités économiques. L’accroissement démographique ou le développement touristique intensifient par exemple l’étalement urbain, nécessitant des terres pour le logement et les infrastructures, au détriment des terres agricoles et naturelles ;
Le changement climatique, en modifiant la disponibilité et la répartition des ressources naturelles, exacerbe les conflits existants et en crée de nouveaux. La montée des eaux, la désertification et les aléas climatiques extrêmes réduisent les terres habitables ou exploitables, générant des conflits entre urbanisation, agriculture et préservation des écosystèmes ;
Les objectifs et actions locales de transition vers une économie bas-carbone ont des effets directs sur les ressources et peuvent générer des conflits d’usage. C’est par exemple le cas de la culture de biomasse pour les biocarburants ou le chauffage qui entre en concurrence avec les cultures vivrières, exacerbant les tensions en matière de sécurité alimentaire.
Des risques et des potentiels différents selon les territoires
Les territoires français peuvent se distinguer par leur topographie, climat, infrastructures ou encore leur spécialisation économique. De ces différences découlent une répartition inégale des risques de tensions sur les ressources tandis qu’elles exigent que les solutions d’adaptation et décarbonation soient adaptées localement. Sans une évaluation précise des spécificités, contraintes et risques propres à chaque territoire, et qui limitent leur potentiel de transformation, les recommandations nationales risquent de rester théoriques.
Des plans territoriaux sans approche globale des ressources
Or, le pilotage de la transition climatique et énergétique, à l’échelle locale, reste trop souvent aveugle à ces problématiques de ressources : que l’enjeu des ressources physiques ne soit pas intégré aux visions prospectives du territoire, ou que cette prospective reste sectorielle et donc incapable de saisir les tensions émergeant des différentes évolutions du territoire.
De l’interdépendance au partage d’objectifs adaptés
Aucun territoire ne peut prétendre produire tout ce qu’il consomme. De fait, les territoires et leurs activités sont tous interdépendants pour la production et la consommation de ressources, de biens ou de services. Ils sont également interdépendants d’objectifs et de choix faits nationalement. Ainsi atteindre les objectifs de décarbonation requiert d’adapter la répartition des efforts entre secteurs, entre territoires afin de limiter les conflits d’usage, tant pour les objectifs de décarbonation que pour les ressources physiques nécessaires à leur mise en œuvre.
Les objectifs du projet
Dans ce contexte, Atlas 2050 propose aux décideurs une vision intégrée des contraintes physiques à 2050 sur les activités de chaque territoire et des éléments de méthode pour organiser les arbitrages et adapter les objectifs de transition aux spécificités locales.
1 – Anticiper les risques de tensions et conflits d’usage locaux des ressources à 2050
Le projet mène un travail de modélisation qui mettra en relation les données locales de consommation et de production de ressources associées aux principales activités des territoires. Cette modélisation vise à évaluer de manière précise les impacts physiques des activités locales sur certaines ressources (eau, sol, bois, électricité, gaz, pétrole) et objectifs nationaux (comme zéro émission nette de GES et zéro artificialisation nette). Elle intégrera des contraintes propres à chaque territoire (état des ressources, trajectoire de consommation, effets du changement climatique) pour cartographier les risques et potentiels de transformation des territoires au regard des scénarios de transition (ex : SNBC3, scénarios ADEME, scénario PTEF).
2 – Favoriser des solutions de gouvernance adaptées aux contraintes de ressources à toutes les échelles territoriales
Grâce à des études de cas, des questionnaires, une veille active et des échanges avec les praticiens territoriaux (élus, agents, accompagnateurs de territoires), le projet développe des propositions pour intégrer les enjeux de ressources dans la planification écologique des territoires. Ces recommandations porteront sur des méthodes concrètes pour inscrire les problématiques de ressources à l’agenda politique, renforcer la gouvernance locale et collective des ressources, et faciliter la coopération et les arbitrages entre territoires. À l’échelle nationale, elles aborderont aussi les besoins en matière d’animation, d’accompagnement, et de prise de décision pour assurer une gestion équilibrée de la production et de l’usage des ressources.
3 – Concevoir une nouvelle approche de territorialisation des objectifs de transition à 2050 adaptée aux spécificités locales
En s’appuyant sur l’identification des risques liés aux ressources et en collaboration avec les acteurs territoriaux, le projet explore les voies possibles de planification écologique locale selon les caractéristiques de chaque territoire. L’objectif est de repérer les facteurs clés, d’un point de vue des ressources physiques, permettant d’adapter les objectifs nationaux à l’échelle locale. Cette approche mettra en avant l’importance d’une vision physique de la territorialisation, en cartographiant des trajectoires contrastées pour 2050. Elle servira de base pour établir un langage commun et cohérent de territorialisation des objectifs de transition.
Organisation
Equipe Projet
- Chef de projet : Laurent Delcayrou
- Ingénieurs de projet : Jean-Elie Barjonet, Jason Saniez, Corentin Riet
- Chargé.es de projet : Frédéric Haas, Elisa Soyer-Chaudun
- Pilote communication : Corentin Grange
- Coordination de projet : Jason Saniez
Calendrier et livrables
Partenaires (Septembre 2024)
Publications liées
Contacts Projet
- Coordination : jason.saniez@theshiftproject.org
- Communication : corentin.grange@theshiftproject.org