« Voyager bas carbone » : le Shift publie son nouveau rapport sur la décarbonation de la mobilité longue distance !

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Nous avons le plaisir de vous dévoiler le rapport « Voyager bas carbone », neuvième volet du vaste Plan de transformation de l’économie française (PTEF) lancé il y a près de deux ans.

Le transport des voyageurs, avec celui des marchandises, fait partie des secteurs les plus dépendants au pétrole. 85 % des distances parcourues par les Français pour leurs voyages le sont grâce à des carburants fossiles (essence, diesel, kérosène). Comment transformer en profondeur la mobilité longue distance pour le rendre résiliente aux chocs climatiques et énergétiques tout en conservant le plaisir de voyager ?

Replay – Conférence de présentation du rapport final (7 avril 2022)

Voyager bas carbone 

La mobilité de longue distance : un secteur fortement dépendant des énergies fossiles

Pour sa mobilité de longue distance, un résident français parcourt en moyenne plus de 7 600 km cumulés par an. Les vacances, les loisirs, les visites à des proches ou le travail justifient ses voyages. La France métropolitaine est la destination de 86% des voyagesCôté modes de transport, la voiture et l’avion assurent 85% des déplacementscontre seulement 15% pour le train, alors qu’il émet 40 fois moins de gaz à effet de serre que la voiture. Au total, nos longs voyages représentent 9 % des émissions de gaz à effet de serre du pays. Le PTEF fixe un ambitieux objectif de décarbonation au secteur de la mobilité de longue distance qui, pour contribuer comme tous les secteurs, à l’objectif de neutralité carbone, doit baisser ses émissions de gaz à effet de serre sur un rythme annuel de 5% par an.

L’économie européenne entre en régime de contraction physique pour les prochaines décennies, avec des énergies liquides et gazeuses de moins en moins disponibles, une électricité dont la production ne sera pas illimitée, et des approvisionnements en certains matériaux qui risquent d’être contraints. Nous tenons compte de ce contexte énergétiquement contraint dans nos propositions pour rendre le voyage résilient aux chocs énergétiques à venir. La mobilité longue distance doit donc s’électrifier, et le trafic aérien progressivement décroître.

Nos propositions pour décarboner la mobilité longue distance 

Nous proposons de limiter progressivement la mobilité long-courrier en avion, tout en développant des modalités de voyage alternatives. Nous proposons de développer de nouvelles offres de voyage intercontinentaux qui passent (le plus possible) par le train, des offres de séjours attractifs sur plusieurs mois (qui permettent de voyager moins souvent mais en restant plus longtemps sur place), ou encore des offres touristiques en Europe qui soient attractives pour les populations concernées par les vols intercontinentaux, et qui passent par le train. A l’intérieur de l’Hexagone, nous proposons de privilégier le voyage en train afin de limiter l’usage de la voiture, en déployant des services complémentaires en intermodalité avec le train. 

Ces transformations de la mobilité doivent être accompagnées d’offres touristiques nouvelles. Il s’agit de conserver l’essence du voyage tout en le décarbonant et en s’accommodant de la contraction énergétique. Ainsi, nous proposons de développer des offres de tourisme en France et en Europe, articulant offres de transport, d’hébergement, et d’activités. L’offre touristique en France permettra aux voyageurs de venir sans voiture. Ces nouvelles offres seront rendues visibles, accessibles et mises en avant par les intermédiaires de tourisme.

Pour faire advenir un tourisme sobre en énergie et décarboné, il faut un plan. Nous proposons de mettre en place une gouvernance carbone du tourisme, à différents échelons territoriaux, en s’appuyant sur les comités régionaux et départementaux du tourisme et sur les Offices du tourisme comme relais opérationnels vers les acteurs de terrain. L’ensemble des acteurs du tourisme sera formé aux enjeux énergie-climat.

Le voyage résilient et décarboné s’appuiera sur des infrastructures et des services ferroviaires attractifs. Nous proposons de (re-) développer le train pour offrir une alternative convaincante à la voiture et à l’avion. Il s’agit de faire préférer le train par le déploiement d’infrastructures, de matériel roulant et de services diversifiés, tant au niveau français qu’européen.

La voiture prendra une place moins centrale qu’aujourd’hui dans nos voyages. Elle sera électrique, petite, légère, peu puissante et économe. Complémentaire au voyage en train, la voiture fera partie du bouquet d’offres de mobilité pour les touristes sur leur lieu de villégiature. Nous proposons que l’enseignement de l’écoconduite soit généralisé et que la vitesse sur autoroute soit limitée à 110 km/h.

Pouvoir voyager en 2050 

La mise en place du Plan de transformation de l’économie française mène à une stabilisation des distances parcourues par les Français pour leurs voyages à longue distance, donne une place plus forte au train (multiplication par 3), tout en réduisant celle de l’avion (-35 %) et de la voiture (-20 %) et permet d’atteindre les objectifs de décarbonation que nous nous sommes fixés.

Certaines de nos mesures permettent des résultats dès le prochain quinquennat quand d’autres doivent être enclenchées rapidement pour avoir des effets démultiplicateurs dans les quinquennats suivants. Les structures de gouvernance et d’accompagnement/contrôle des acteurs doivent se mettre en place très rapidement pour amorcer et maintenir l’effort.

Ne parier que sur les propositions technologiques (hydrogénéification de l’aérien, biocarburants pour remplacer le jet A, efficacité énergétique des flottes d’avion, électrification des voitures) augmente les risques de ne plus pouvoir voyager dans les décennies à venir. La mise en place complète du PTEF limite ce risque. Enfin, la mise en place du PTEF induit une division par plus de deux du besoin en emplois dans le secteur aérien (- 38 000 ETP), mais une multiplication par deux du besoin dans le secteur ferroviaire (+ 37 000 ETP).

À propos du PTEF

Né dans le sillage de la crise sanitaire, le Plan de transformation de l’économie française vise à proposer des voies pragmatiques pour transformer l’économie en la rendant moins carbonée et plus résiliente.

Initié au début du 1er confinement, ce plan s’inscrit dans la perspective du fameux « monde d’après », et a vocation à alimenter le débat public qui va précéder l’élection présidentielle de 2022. Il s’agit d’une tentative de conception « à grande échelle » d’un programme systémique de mesures opérationnelles (réglementaires, économiques, fiscales, sociales) destinées à rendre notre économie effectivement compatible avec la limite des 2°C désormais communément prise pour objectif, dans de nombreux secteurs.

Les travaux de recherche ont été publiés en 2020 et 2021 sous forme de rapports sectoriels, et d’un livre sorti en librairie le 26 janvier 2022 aux éditions Odile Jacob.

Pour soutenir financièrement le PTEF, si vous êtes une entreprise, rendez-vous sur HelloAsso. Pour découvrir ce qui a déjà été publié dans le cadre du Plan, rendez-vous sur notre site web.

L’équipe du projet

Ce rapport est le fruit d’un travail orchestré par l’équipe projet du secteur « Mobilité de longue distance » du PTEF, composée de Béatrice Jarrige, cheffe du projet, Nicolas Raillard, coordinateur du projet, Nolwenn Brossier et Paul Boosz, chargés de projet. L’ensemble de ce travail a été accompagné par Laurent Morel et Jean-Marc Jancovici, administrateurs du Shift Project.

Les aspects développés sur les emplois, les compétences et la formation ont été construits et développés en collaboration avec Vinciane Martin et Yannick Saleman, respectivement chargée et chef de projet du chantier transversal sur l’emploi dans le PTEF. 

Le Shift tient à remercier l’ensemble des acteurs qui ont contribué au projet par des entretiens avec l’équipe, par des relectures ou par l’apport de documentation ou données !

Graphisme et mise en page : Virgile Bellaiche (The Shift Project).

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