Le changement climatique et la lutte pour en atténuer les effets vont profondément transformer les économies régionales. Au cœur de ces transformations, la sortie des énergies fossiles vise tout autant à réduire les émissions de gaz à effet de serre qu’à se dispenser de l’usage de ressources dont la disponibilité s’amenuise.

Bien que l’urgence climatique appelle des réponses rapides, ces transformations se réalisent sur le temps long et impliquent des bouleversements qui prendront parfois une génération, si ce n’est plus. C’est pourquoi il est indispensable que ces transformations soient anticipées et planifiées dès aujourd’hui.

C’est pour faire face à ces enjeux, en cohérence avec le Plan de transformation de l’économie française, que le Shift Project lance son projet « Vers des économies régionales bas carbone » (VERB) avec pour cas d’étude la Bretagne.

Le projet VERB applique l’approche systémique du Shift Project à une échelle régionale pour :

Identifier les leviers régionaux et estimer l’impact sur l’emploi de la décarbonation de secteurs bretons clés à la bonne vitesse. Cela passe par des estimations chiffrées des réductions d’émissions de gaz à effet de serre, de la production et de la consommation d’énergie, et des volumes d’emplois à moyen-terme (2030) et à long-terme (2050).
Fournir une méthode de mise en discussion entre secteurs de l’économie régionale, pour arbitrer en cas de conflits sur des ressources limitées, en tenant compte des objectifs régionaux de décarbonation et des enjeux emploi.
Mettre en évidence des enjeux de gouvernance clés pour réussir les transformations au niveau local, y compris en explicitant les questions que soulève la mise en cohérence entre planification écologique régionale et nationale.

Il s’agit ainsi d’un outil de réflexion stratégique et d’aide à la décision : il doit permettre aux acteurs économiques et politiques régionaux de se poser des questions structurantes pour se doter d’une stratégie de décarbonation de long-terme cohérente, qui évite les pièges et impasses de certains choix de court terme, et assure une viabilité physique pour tous les secteurs sur la durée.

Rapport final

Retrouvez ci-dessous :

Le rapport complet (234 p.)
La synthèse (13 p.)
Les annexes
Le support de présentation projeté lors de la restitution du rapport final

Ce rapport a été présenté le 12 septembre en direct du Forum Economique Breton, il est disponible en replay sur ce lien (à partir de 6:23:30). Programme détaillé de la séquence sur ce lien.

Rapport final (234 p.)

Synthèse (13 p.)

À propos du projet

Vers des Économies Régionales Bas Carbone (VERB) vise à équiper les acteurs économiques et politiques régionaux pour décliner et actionner la méthodologie du PTEF. Au regard des retours des premières COP régionales, la mobilisation des acteurs économiques est restée faible dans la plupart des Régions : nous espérons que notre publication pourra être utile à une meilleure intégration pour les prochaines éditions. La volonté de mettre à disposition un outil, et non de proposer un « plan du Shift régional », provient d’un même besoin d’appropriation. L’échéance de 2050 doit permettre de donner une perspective critique aux actions engagées pour 2030.

Cette ambition est déclinée en 3 objectifs principaux ci-dessous.

Arbitrages énergie-climat

Un premier objectif de VERB est de donner les moyens aux acteurs régionaux de reproduire le travail d’évaluation physique et systémique du PTEF, en l’adaptant aux spécificités de l’échelle régionale.

Une première étape est d’identifier les paramètres structurants permettant de quantifier avec les bons ordres de grandeur l’impact en gaz à effet de serre et en énergie des choix de leviers de décarbonation : selon leur nature, la vitesse et l’ampleur de leur mobilisation à l’échelle régionale.

Il s’agit ensuite de positionner la Région globalement par rapport à une trajectoire énergie-climat nationale, pour assurer sa compatibilité physique. Nous proposons une méthode basée sur le PTEF pour construire une vision physique systémique à partir des arbitrages sectoriels faits précédemment, nécessaire à cette évaluation.

Opportunités et vulnérabilités pour les filières de l’emploi

Un deuxième objectif est d’expliciter le lien entre arbitrages physiques et emploi pour construire une gestion prévisionnelle des emplois et compétences robuste. L’analyse secteur par secteur puis globalement donne les outils pour évaluer les risques et opportunités de marché pour les filières des arbitrages déterminés précédemment. Elle permet aussi d’évaluer l’intérêt économique d’une stratégie de décarbonation plus ou moins pro-active ou ambitieuse.

Exigences de coordination passer à l’action

VERB vise enfin à mettre en évidence les fortes exigences de coordination publique et privée pour organiser et engager la transformation. La décarbonation systémique demande à des acteurs économiques de coopérer pour mutualiser les flux ou les investissements dans leur secteur ou de négocier des ressources et anticiper des trajectoires de décarbonation avec d’autres secteurs ; à des acteurs publics de travailler en transversalité pour résoudre des enjeux devenus essentiellement systémiques ; à des acteurs publics et privés de s’accorder sur une évolution concertée des appuis et des formations pour faciliter les changements de modèle économique…

L’échelle régionale est apparue particulièrement pertinente pour approfondir ces enjeux par secteur et globalement par rapport au PTEF, et ainsi mettre en évidence des éléments clés pour la mise en œuvre de la décarbonation.

Comment les acteurs régionaux peuvent mobiliser ce rapport pour la concertation et l’action

L’expérimentation de ce travail en Bretagne nous a permis d’ancrer ce travail tout en lui conservant sa valeur méthodologique pour toutes les Régions. Si l’approche méthodologique ainsi produite ne peut être complètement exempte de biais locaux, ni refléter parfaitement toutes les situations régionales, nous pensons qu’elle propose déjà une base solide sur laquelle construire. Le cas de la Bretagne permet d’illustrer de manière concrète et chiffrée comment utiliser la méthode et le genre de résultats qu’elle produit à partir d’un contexte donné, mais aussi le type d’arbitrages et de mesures que nous proposons en conséquence.

L’analyse a révélé de nombreux invariants sur les arbitrages à mener comme sur les enjeux de coordination. Cela a conforté l’idée d’une approche méthodologique socle, tout en nous encourageant à pousser plus loin l’analyse des alternatives possibles.

Le périmètre sectoriel de VERB est restreint à 5 « secteurs », tel qu’on les a définis : la mobilité quotidienne, le logement, le transport de marchandises, l’agroindustrie et la culture (au travers des festivals). Le choix de ces secteurs a été réalisé de manière à couvrir un maximum de secteurs ayant un impact sur la transition. On constate que pour le cas de la Bretagne, même en ne comptabilisant que les 3 premiers qui ont fait l’objet d’une quantification détaillée, ils représentent une forte proportion des consommations énergétiques et des émissions, et une part non négligeable de l’emploi.

Ce spectre sectoriel a vocation à être étendu par les acteurs régionaux en s’inspirant des éléments méthodologiques développés dans les autres secteurs, et se référant éventuellement à nouveau au PTEF.

Remerciements

Le Shift Project remercie les partenaires du projet « Vers des économies bas carbone » pour leur soutien technique et financier.

Auteurs

Yannick SALEMAN (Chef de projet Emploi et Politique Industrielle, Pilote du rapport, The Shift Project)
Corentin RIET (Chargé de projet Résilience des territoires et Prospective, Co-pilote du rapport, The Shift Project)
Laurent PERRON (Chef de Projet Automobile, The Shift Project)
Reuben FISHER (Chef de projet Fret, The Shift Project)
Rémi BABUT (Chef de projet Logement, The Shift Project)
Audrey COSPEREC (Consultante Senior, Citwell)
Corentin LEROUX (Fondateur, Aspexit)
Martin ROCH (Conseiller artistique, Spectacle Vivant en Bretagne)
Fanny VALEMBOIS (Cheffe de projet Culture, The Shift Project)

L’équipe remercie également les Shifters, en particulier Fabien Lamiré et les groupes locaux bretons, pour leur aide précieuse tout au long du projet.